Il arrive parfois que l'on rencontre, sur le diocèse et pas seulement, des prêtres un peu tristes, désabusés, surtout à partir de soixante ans, et aussi parmi les retraités, à soixante-quinze ans et plus, face à certaines évolutions de l'Eglise qui peuvent poser problème ; principalement quand on a fait partie d'une génération qui s'est "crevé la patate" pour faire rayonner l'Evangile surtout là où il n'était pas reconnu.
Mais hier, j'ai eu la chance de recevoir une lettre-circulaire d'un de mes anciens curés, dont je vous livre quelques extraits qui vous montreront que tous les prêtres ne se laissent pas aller à l'amertume, la critique ou la déprime. En voici quelques passages.
"Peut-être sera-ce la dernière circulaire ? Oui, si la mort vient me prendre. Oui aussi si Alzheimer vient me visiter. Pour l'instant, je vis "comme à 77 ans", avec des oreilles qui entendent de plus en plus mal, des doigts qui ont de la peine à saisir, une mémoire qui n'enregistre plus, une souplesse et une vitalité qui baissent... et les petits ennuis quotidiens que tout le monde connait. Quand je vois que certains de mon âge sont déjà en maison de retraite, je considère comme une chance de résider encore sur une paroisse où je garde une ouverture sur le monde et sur la pastorale, en assurant quelques petits services (accueil au téléphone...)."
Puis, mon ami de citer plusieurs livres qui l'ont marqué cette année. "De ces lectures, je ne retiens pas toujours grand chose, mais parfois une petite phrase fait tilt, comme cette parole du Père Chevalier (fondateur des Missionnaires du Sacré-Coeur d'Issoudun) : "Tout être créé est un mot de Dieu". Formidable ! A partir de là, je comprends mieux tout le sens de ma vie. Par ma vie sur terre, j'ai à dire quelque chose de spécial de Dieu, un mot de Dieu que personne d'autre ne dira. Ma vie est donc importante ! Cela me permet aussi de bien me situer, car je ne suis qu'un mot de Dieu. Chacun(e) de ceux avec qui je vis ou que je rencontre est un autre mot de Dieu... Je dois donc accueillir la révélation qu'il m'apporte. Ca me maintient dans l'humilité et ça me fait célébrer la grandeur de Dieu. Cela me fait entrer un peu plus dans la voie de la petitesse et de la confiance ouverte par sainte Thérèse. Cette perspective m'apporte une grande paix et m'empêche de gémir de rester encore sur la terre à 77 ans. Si j'y reste, c'est que le "mot de Dieu" que je suis a encore quelque chose à dire. N'ayant plus d'avis à donner pour la pastorale, plus à entreprendre, j'ai simplement à être ce que je suis, ce "mot spécial de Dieu".
Ce prêtre évoque alors les grands événements qu'il a retenus de l'année écoulée, dans les pays arabes, au Japon, en Thaïlande, telle rencontre interreligieuse, etc. Et ceci pour conclure : "J'ai pu toucher du doigt l'action de l'Esprit-Saint", avec ce souhait final : "Le Seigneur vous transmettra tout ce que je n'arrive pas à vous transmettre..."
Non, tous les prêtres ne sont pas déçus ni déprimés ! Ceci, grâce à l'aide du Seigneur, mais aussi, malgré nos faiblesses, grâce à votre fraternel soutien. A vous toutes et tous, mais aussi au Christ qui vient, merci infiniment !
mercredi 21 décembre 2011
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.316 : "J'ai rencontré un prêtre heureux, à 77 ans !"
Publié par
Olivier Gaignet
à
07:44
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