Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



mercredi 17 avril 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2933 : Quel est le texte de la Bible qui vous a le plus marqué ?

Je sors d'un sympathique rencontre au resto avec deux amies très chères du Nord-Vendée, que je connais depuis des années. Non pratiquantes, je précise.  Comme vous le devinez, nous avons passé en revue tous les problèmes du monde, sans oublier les nôtres. Jusqu'à ce que l'une d'entre elles, alors que nos échanges s'engageaient autour de la Parole de Dieu, me pose la question suivante : "Peux-tu nous dire s'il y a un texte de la Bible qui t'a davantage marqué, dans ta vie, un passage qui te plaît davantage, qui a guidé ce que tu as vécu ?" 

J'ai commencé par répondre qu'il y avait une foule de passages bibliques qui m'avaient éclairé, et j'en ai cité quelques-uns. Mais elle ont insisté pour m'inviter à en citer un qui avait été plus important pour moi que tous les autres.  J'ai expliqué alors que c'était le texte que j'avais choisi pour la cérémonie de ma sépulture. "Un texte sur la mort ?"  m'ont-elles demandé, avec des yeux remplis d'étonnement...

Je les ai alors tranquillisées : "Non, pas du tout, pas sur la mort !"  En effet, j'ai plutôt choisi un texte qui, au terme de mon existence, m'a semblé résumer au mieux l'idéal de prêtre que j'aurais aimé vivre, autour de ce que Jésus exprime par rapport à la recherche de la brebis perdue, en Matthieu 18/12-14.

"Mais quel rapport avec la mort ?" m'ont-elles encore demandé. Eh bien parce que, au soir de ma vie, je crois que le Seigneur fera le point avec moi sur la façon dont, en tant que prêtre, j'ai essayé d'aller comme lui, avec mes faibles moyens, à la recherche de la brebis égarée.  

Lorsque je relis ce qui a été mon ministère, la tentation serait de passer du temps à contempler les soit-disant belles choses que j'ai accomplies en ce sens. "Ah ! Il est allé en Afrique comme missionnaire !  Oh, il a organisé des Cafés-Théo.  Tiens, il a été attentif aux non croyants autant qu'aux paroissiens fidèles, et peut-être même plus parfois."

On peut vite se tresser des louanges, c'est une tentation parfois très forte ; alors que, comme me  l'a souligné récemment une paroissienne de Talmont, très judicieusement : "Ce qui intéresse Dieu dans ma vie, ce n'est pas la liste orgueilleuse de ce que je pense avoir fait de bien, mais beaucoup plus, que je comprenne combien il m'a aimé, et combien il a aimé aussi toutes les personnes qu'il m'a permis de rencontrer."

En réalité, je ne dois pas chercher à savoir si ce que j'ai fait ici-bas était bien ou mal, mais comment j'ai laissé Dieu entrer en moi, et de quelle façon il a fait des merveilles, et fait grandir l'amour, la fraternité, la joie, l'espérance, etc., autour de moi et en moi, au sein de l'Eglise et de la société.

En résumé, ce n'est pas moi qui ai décidé d'aller sauver les brebis perdues dans un petit pays d'Afrique plus ou moins "abandonné" ; c'est Jésus qui m'y a envoyé.  De même, l'expérience des Cafés-Théo symbolise l'appel du Christ à ce que ses prêtres ne se contentent pas seulement de faire de belles liturgies ; d'ailleurs, Jésus n'en faisait pas !  Mais il sortait sur les places et allait sur les parvis pour y rencontrer ses frères et soeurs humains, juifs pratiquants ou non ; et il a souhaité que ses prêtres en fassent autant.

L'Arche de Noé, la brebis perdue, les Cafés-Théo, autant de symboles qui témoignent de ce que "votre Père qui est aux cieux veut qu'aucun de ces petits ne se perde." (Mt 18/14)

"S'il parvient à retrouver la brebis égarée, il en a plus de joie que des quatre-vingt-dix-neuf autres qui ne se sont pas égarées."  (Mt 18/13)

samedi 13 avril 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2932 : La fraternité soigne le monde

 Ce billet se situe dans la suite du billet précédent, ainsi que du commentaire qui a été envoyé ; merci à son auteur (autrice en ce cas), ainsi qu'à celles et ceux qui font part ainsi, de temps à autre, de leurs réactions, toujours très attendues et très lues !

Je repense à tout ce qui se dit en ces temps à propos de la fin de vie.  Puisque nous parlons de fraternité, consternation quand nous avons lu, dans les quotidiens "La Croix" et "Libération", le 10 mars, que le président Macron, présentant un futur projet de loi consacré à la fin de vie ouvrant une possibilité à une "aide à mourir", se félicitait de cette future "loi de fraternité" !!!

Reprenant la célèbre phrase de l'écrivain Albert Camus, "mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde", Mgr Rougé, évêque de Nanterre, estime que ce texte ne peut être considéré comme un texte de fraternité : "La fraternité passe par le respect inconditionnel de la vie de chacun."  Mgr Rougé invite tous les citoyens à "participer pleinement à ce débat pour que nous essayons de tirer vers le haut et que nous retrouvions tous ensemble un véritable idéal de fraternité partagé."

Ce matin, avec une petite délégation de paroissiens des Sables d'Olonne, nous avons participé à la prière du Shabbat à la synagogue.  Charles, le vice-président, membre également de l'association interreligieuse "Dialogue pour la Paix" sur le Pays des Olonnes, nous a accueillis les bras grands ouverts, avec des paroles profondément fraternelles. Tandis que, alors que je n'ai rien demandé, ils m'ont dit qu'ils citaient mon nom lors de chaque Shabbat, au moment de la prière pour les malades.

Cela m'a fait repenser à ce que disait le pape Benoît XVI : "Le dialogue permet aux religions de ne pas se replier sur elles-mêmes, de ne pas s'enfermer dans leurs traditions particulières."  D'ailleurs, il est certain que l'Eglise catholique n'aura d'avenir que dans la mesure où elle se réunira avec les autres confessions chrétiennes et les diverses religions. Puisse notre Eglise s'engager toujours plus largement sur ce chemin de fraternité !  En effet, ce que disait Saint-Exupéry de la démocratie s'applique aussi au devenir de nos institutions catholiques : "La démocratie doit être une fraternité ; sinon, c'est une imposture !"   Autrement dit : notre relation avec les autres religions ou traditions religieuses, ainsi qu'avec ceux qui croient en l'homme, doit se vivre dans la fraternité ; sinon, notre vie de croyants, si belles soient nos liturgies, ne sera qu'une imposture !

Un autre fait de fraternité : cette radio israélo-palestinienne, "+ 972", dirigée par une Palestinienne de Nazareth : "Nous vivons des deux côtés, ce qui nous permet de poser des questions que d'autres ne posent pas. De plus en plus de sources et de lanceurs d'alerte nous contactent.  Nous n'avons jamais reçu autant d'attention.  Même la Maison Blanche et le secrétaire général des Nations Unies réagissent.  Cela montre qu'on compte sur le chemin qui mène à la fin de la guerre."

Seule une vraie fraternité pourra soigner le monde et le sauver !


mardi 9 avril 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2931 : "Merci d'avoir ouvert les bras à ma détresse."

Depuis près d'un an et demi, suite à la crise cardiaque qui m'a frappé, ce qui a fait que j'ai dû abandonner tout ministère un peu lourd, j'ai quand même le privilège de pouvoir continuer à assurer un peu de présence auprès de personnes qui en ont besoin.

C'est ainsi que dernièrement, quelqu'un m'a envoyé un long mail pour me faire part de ses souffrances. Il me partage régulièrement ce qui est difficile à vivre pour lui, et j'essaye de mon mieux, par mail ou à travers des rencontres, de l'écouter surtout, de l'apaiser un peu si c'est possible, et sans cesse, de l'encourager.

Le mail dont je parlais à l'instant s'est terminé par le mot suivant : "Merci d'avoir ouvert les bras à ma détresse."  Cela m'a beaucoup touché.  Je n'ai rien fait pourtant.  Cette personne, je ne l'ai pas dépannée, je ne lui ai presque rien dit, je ne suis pas entré dans les innombrables problèmes qu'elle me décrivait, je ne lui ai fait aucune promesse, je ne lui ai même pas suggéré d'offrir ses souffrances, et je ne lui ai pas parlé du Paradis.

Cependant, la phrase qui m'a fait le plus mal revenait en gros à celle-ci : "J'ai l'impression que je ne peux parler à qui que ce soit de ce dont je souffre ; cela n'intéresse personne, nul n'a le désir ni le temps de m'écouter."

Mais comment se fait-il que, dans notre environnement chrétien, il soit si difficile de trouver quelqu'un qui soit disponible pour écouter ceux qui en ont besoin ?  Il est vrai qu'en général, on n'ose guère se livrer ; surtout que, le plus souvent, comme on me le dit fréquemment, dès que vous commencez à raconter vos malheurs, votre interlocuteur, sans s'en rendre compte, se met lui aussi, vous coupant la parole, à raconter ses propres malheurs, ratant ainsi l'occasion d'écouter la personne en difficulté qui avait pensé possible de  s'adresser à lui !

Mais enfin, est-ce qu'on a lu l'Evangile ?  Ah, on va à la messe, ça s'est sûr ; mais c'est souvent "hors sol".  Par exemple, vous avez entendu parler du Rwanda dans les églises en ces jours ?  Et autrement, au mieux, qu'à travers une demi-phrase dans une prière universelle ?  Où sont les vrais problèmes du monde, les vrais soucis des gens dans nos liturgies ?  Comment les a-t-on entendus ?  Et comment nos liturgies nous invitent-elles à donner toutes nos forces, toutes nos attentions, au sortir de la messe, aux personnes en détresse que nous ne voyons pas, que nous n'écoutons guère, parfois tout près de nous ? ...

Dans le même sens, au plan civil, dans son célèbre discours "Détruire la misère", le 9 juillet 1849, Victor Hugo déclarait ceci : "La société doit dépenser toutes ses forces, toute sa sollicitude, toute son intelligence, pour que de telles choses ne soient pas !"   Il me semble que cet appel convient tout à fait aussi à notre Eglise, et donc à nous les chrétiens !

Jésus a ouvert pour nous les bras sur la croix ; a son exemple, ouvrons largement nos bras à notre tour, pour apaiser, éponger un peu, diminuer la misère du monde, combattre toute détresse, au nom du Christ ressuscité !

samedi 6 avril 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2930 : Guerre à Gaza : appel d'un collectif de 150 prêtres, diacres, religieux-ses français


En tant que ministres ordonnés, religieuses, religieux et personnes ayant des responsabilités
dans l’Église catholique de France, nous appelons au cessez-le-feu immédiat dans la bande de
Gaza et à l’établissement des conditions politiques de la paix en Israël et en Palestine. Nous
demandons au gouvernement français d’exercer une pression diplomatique sérieuse sur le
gouvernement israélien en vue de mettre un terme aux opérations offensives en cours et de
lancer la décolonisation
des territoires occupés de Cisjordanie.

Comme tous les chrétiens d’Occident, nous sommes souvent embarrassés lorsqu’il s’agit de
nous exprimer au sujet du conflit israélo-palestinien. Les conversations s’achèvent
généralement par un " c'est compliqué" un peu gêné.
 

L’ombre de l’antijudaïsme chrétien d’antan, qualifiant les juifs de peuple déicide, et
n’espérant pour ce dernier que sa disparition dans la conversion au christianisme, pèse à juste
titre sur nos consciences. Nous pouvons être tentés de nous délivrer du poids de la culpabilité
de cet antijudaïsme chrétien, qui a constitué l’une des sources de l’antisémitisme européen
ayant mené au génocide des Juifs d’Europe, en nous interdisant tout discours critique vis-à-vis
de l’État d’Israël.


L’État d’Israël n’est pas le judaïsme

L’État d’Israël n’est pourtant pas le judaïsme. L’actuel gouvernement de l’État d’Israël,

d’extrême droite
, est loin d’être parfaitement représentatif du peuple de l’État d’Israël, et le
peuple de l’État d’Israël ne correspond certainement pas sans condition au peuple de l’Israël
biblique. Critiquer le gouvernement actuel de l’État d’Israël n’est pas critiquer le judaïsme. Le
critiquer au nom des valeurs du judaïsme l’hospitalité envers l’étranger, la préférence pour
le pauvre et le faible, la perpétuelle insistance sur la justice sociale est au contraire un
hommage rendu au souffle des prophètes.


Au nom des traditions juives, sources auxquelles les chrétiens s’abreuvent, il est temps d’en
appeler à la justice et à la paix par des actions effectives. L’affirmation du Psalmiste selon
laquelle « Justice et paix s’embrassent » (84, 11) signifie que nulle paix durable ne peut être
construite sur une injustice flagrante. Être « artisan de paix » (Matthieu 5, 9) ne saurait
évidemment se réduire à viser le seul maintien de l’ordre, si ce dernier est injuste, mais
consiste à mettre en œuvre un ordre juste et à « briser tous les jougs » (Isaïe 58, 6).

Goliath contre David


L’actuel comportement de l’État d’Israël, jouant du droit du plus fort, profitant de l’absence
de réactions occidentales et du financement états-unien, compromet l’établissement de la paix
à long terme et prépare des violences futures de manière désespérante. Il n’est absolument
plus possible de présenter
les actuelles attaques conduites à Gaza comme des représailles
légitimes à la suite des horribles massacres du 7 octobre et du maintien en captivité des
otages, dont la libération reste urgente. Elles sont disproportionnées, démesurées,
extrêmement violentes et meurtrières, et en contradiction avec le droit humanitaire le plus
élémentaire.


Le questionnement en cours, mené à l’ONU à l’initiative de
l’Afrique du Sud, au sujet de la
potentielle intention génocidaire de ces attaques, indique à lui seul, et sans qu’il soit besoin
d’attendre les suites juridictionnelles, que les bornes de la décence et du droit de la guerre ont
depuis longtemps été franchies. Se taire à ce sujet en affirmant que « c’est compliqué »
revient à choisir Goliath contre David, les premiers contre les derniers, les riches contre les
pauvres, les puissants contre les humbles. Les valeurs juives doivent être brandies contre le
gouvernement de Benyamin Netanyahou.

Qui est mon prochain ?
En mettant un terme à l’accusation de
peuple déicide, en s’intéressant à d’autres
interprétations de la Bible que les lectures christo-centrées, le concile Vatican II a ouvert de
manière heureuse un nouveau chapitre des relations judéo-chrétiennes, nettement plus décent,
respectueux et fertile. Chez certains chrétiens à tendance identitaire, ce rapprochement
souhaitable se double d’un effet contre-productif de constitution d’un bloc judéo-chrétien
opposé à une altérité musulmane. Ils vont jusqu’à voir dans la guerre en cours une sorte de
guerre de religion, quand il s’agit dans les faits d’une guerre coloniale et d’une oppression
asymétrique.


La question qui se pose à nous dans ce contexte est celle de l’Évangile :
qui est mon prochain
?
Une réponse superficielle indiquerait que c’est celui qui est proche de moi, qui me
ressemble, qui n’est pas mon lointain. Certains intellectuels chrétiens occidentaux, arguant de
la proximité forte unissant juifs et chrétiens, Occident et État d’Israël, se sentent un devoir de
prendre fait et cause pour ce dernier. L’Évangile indique pourtant une tout autre définition : le
prochain est l’étrange ou l’étranger, celui qui ne me ressemble pas, qui s’approche de moi et
en appelle à ma responsabilité.

Leur visage nous oblige


Les chrétiens d’Occident s’identifient difficilement aux Arabes palestiniens, que ceux-ci
soient musulmans ou même chrétiens. Cela en fait d’autant plus nos prochains. L’injustice
qu’ils subissent, que seul le déni peut rendre invisible, nous appelle. Comme le dirait
Emmanuel Levinas, leur visage, dans son actuelle vulnérabilité, nous oblige. Ne rien faire
revient à dépasser l’homme souffrant que l’on a pourtant vu, au lieu de s’arrêter dans notre
marche comme le
Bon Samaritain auquel nous affirmons vouloir ressembler (Luc 10, 25-37).


Nous professons être disciples d’un Juif galiléen qui nous invite à prendre fait et cause pour
celui qui subit l’oppression. Nous sommes horrifiés par la
puissance de destruction
actuellement à l’œuvre à Gaza et nous refusons d’en être complices par notre silence gêné.
Nous voulons porter la voix de nos frères et sœurs palestiniens devant nos dirigeants et, à la
fois comme membres de la société civile de notre pays et au nom de l’Évangile, participer à
construire une voie française pour la construction de la justice et la paix, qui ne peuvent aller
l’une sans l’autre.

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Pour info, parmi les signataires, dont je n'ai pas donné la liste pour ne pas allonger trop le billet, deux Vendéens : Sr Martine Chaillot, supérieure des Soeurs de Mormaison, et Gilbert Roux, 83 ans, de la Mission de France à Poitiers.

vendredi 29 mars 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2929 : Entrée dans l'Infini de Dieu d'une de mes jeunes soeurs, Monique

Hier, en la fête du Jeudi-Saint, j'ai assuré la cérémonie d'action de grâce et d'au-revoir d'une de mes jeunes soeurs, Monique, décédée d'un cancer du foie. On m'a demandé le texte de l'homélie, le voici.


Monique, réjouis-toi !  Il y a plein de gens qui t’aiment autour de toi !  Parlons-en ensemble !

Vous avez suivi les nouvelles dernièrement ?  Depuis vendredi dernier, c’est un grand choc au Royaume-Uni. Kate, la princesse de Galles, âgée de 42 ans seulement, vient d’annoncer à son peuple, pâle et fatiguée, qu’elle était atteinte d’un cancer.  Comme Monique, elle vient d’être opérée à l’abdomen.  Tout le monde se pose des questions quant à son avenir.  Tandis que le roi lui-même, Charles III, lui aussi atteint d’un cancer, vient d’arrêter toutes ses activités

Pourquoi je vous parle de cela ?  Mais parce que, que l’on soit puissant ou misérable, que l’on soit célèbre ou non, que l’on habite à Buckingham Palace, au château de Windsor ou à La Taillée, la maladie et la mort guettent chacun de nous. Et elles s’attaquent à notre santé, à nos familles, à celles et ceux que nous aimons, comme un monstre qui voudrait nous dévorer de l’intérieur et nous faire tomber dans le néant.

Question : comment peut-on continuer à vivre, tranquillement, à rire malgré tout, et aussi à espérer, quand l’un d’entre nous souffre et meurt ?

Monique, avec Jean, tu as eu de beaux enfants et six belles petites filles ; toute ta vie, tu as semé des fleurs chez toi et par ton amour des autres ; tu as accompagné de nombreuses familles en deuil ; et je ne vais pas répéter ce que Paul nous a déjà expliqué de ta vie dans le mot d’accueil.  Tu as essayé de vivre à fond ta foi de chrétienne, tu as assuré le service des autres dans la paroisse et la vie locale, etc.  Si bien qu’à la fin, malgré la maladie, il n’est pas sûr que ce soit la mort qui ait gagné !

Dimanche après-midi, j’en ai été le témoin, il en est passé du monde, auprès de Jean, pour te  saluer, Monique !  Et cela a été la même chose chacune de ces dernières journées.  Mais, c’était frappant, l’on ne sentait pas une atmosphère d’échec, ni un écrasement dans la tristesse, ni une ambiance de mort. Les uns et les autres évoquaient des souvenirs.  Ton beau visage, Monique, à travers une jolie photo, toute récente, rayonnait au milieu de nous.  On a même bu un bon coup ensemble en ta présence, même si ce n’était que du jus de fruit ou de l’eau plate…

L’on sentait bien qu’il ne fallait pas que l’on se taise, ou qu’on se lamente autour de ton cercueil.  Monique, tu n’aurais pas aimé cela !

D’où cette réflexion qui m’est venue à l’esprit : parfois, dans notre société ou notre Eglise, on fait des différences bizarres, qui m’ont toujours choqué personnellement, entre les personnes qui croient, et celles qui ne croient pas ou ne pratiquent pas.  Ceci est totalement ridicule !  Ne sommes-nous pas tous des croyants en la vie, en la lumière, au bonheur, en l’espérance ?

Croyants ou non religieusement, ne sommes-nous pas totalement unis, aujourd’hui par exemple, autour de Monique, rassemblés dans un même hommage ?  Ensemble en effet, nous refusons de laisser la mort prendre le dessus, et gâcher le cœur de nos vies et de nos familles.

Monique, toi-même, tu t’es battue pour rester debout ; et tu as pu ainsi participer au mariage de l'une de tes petites filles, Lise, et Vincent, le 16 septembre dernier.  Et ensuite, malgré ce que tu devais souffrir, on ne t’a jamais entendu te plaindre, alors que cela devait être insupportable souvent !

Comme il était beau ce poème, que nous a lu pour toi ton fils Christian en 1° lecture ; poème écrit pourtant il y a près de 2.500 ans, tiré de la Bible, du Livre de Job (11/15-19 et 19/25-27) :

« Un jour, tu relèveras la tête.

Libérée de la maladie, tu ne craindras plus.

Alors, la vie se lèvera, plus radieuse que le soleil de midi.

L’obscurité deviendra comme une aurore.

Tu seras sûr qu’il existe une espérance.

Et beaucoup caresseront ton visage. »

Telle était ta foi, Monique.  Et ceci est sans doute le testament que tu nous laisses.  Car, comme l’a dit Jean ton mari : « Monique est partie dans les bras de Dieu. »  Même s’il peut sembler difficile de croire en tout cela, tant c’est surprenant et tant c’est infini…

Avec le rappel, en ce Jeudi-Saint, de ce que Dieu attend des hommes et des femmes d’aujourd’hui ; à savoir, qu’ils soient capables d’aimer leurs proches et tous leurs concitoyens ; surtout  ceux qui ont le plus besoin de soutien, d’affection et d’entraide, comme cela est signifié dans le geste du lavement des pieds que l’évangile vient de nous rappeler.  Tel est le message principal que Jésus nous laisse

Croire en l’humanité, croire en la lumière, croire en la fraternité, c’est en effet la seule foi, la seule attitude que Jésus attend de nous, croyants ou non, dans le respect des convictions de chacun.

Puisses-tu, Monique, nous aider à vivre cela, à fond, à ton exemple, désormais !

A présent, pendant un petit moment musical, imaginons Monique semant des fleurs au ciel, et les faisant pleuvoir sur nous, avec son grand sourire d’éternité.  Amen !  Qu'il en soit ainsi !